(Fiction, Slovénie, 2007, 97’, Couleur, VOSTA) |
Synopsis:
Suite à la mort soudaine d'un violoniste, son violon nommé Estrelita déclenche une série de conflits. La veuve du violoniste, Dora, une femme de cinquante ans, qui a fidèlement soutenu son mari pendant des années et fait de nombreux sacrifices pour sa carrière artistique, découvre que ce dernier la trompait. Afin de laisser éclater son sentiment de colère, de déception et de tristesse, elle donne le violon à Amir, un jeune garçon talentueux de 12 ans issu d'une pauvre famille bosniaque. Amir tombe tout de suite sous le charme de l'instrument. Mais Julian, le fils de Dora de 23 ans, est aussi intéressé par le violon. Il le réclame donc prétextant qu'il coûte très cher et revendiquant son droit héréditaire. Commence alors une lutte pour le violon qui mène tout le monde au bord du gouffre.
Critique:
« Estrellita commence par le dernier concert de Mihael Fabiani : le rideau retombe après le dernier morceau pour s'ouvrir de nouveau sur le corps inerte du musicien faisant face à l'auditoire. Mihael est mort dans cette zone d'ombre entre la scène et les coulisses, le public et le privé. Pour ce qui est du privé, justement, sa femme Dora, pianiste vivant depuis trente ans dans l'ombre du génie, pensait le connaître, mais au cimetière, au cours de funérailles sans larmes elle croise le regard du seul individu qui souffre réellement. Il s'agit d'Amir, un jeune garçon bosniaque qui dit avoir joué avec le grand violoniste dans certains lieux mal famés. Dora l'écoute et, impressionnée par son talent, décide de l'aider. Elle lui offre le violon de son mari et le fait travailler avec une professeur qui, autre découverte, a été la maîtresse de Mihael pendant des années. Le fils de Dora ne seconde pas ses efforts : pour Julian, le violon est surtout un bien qu'il peut soit vendre contre de l'argent, soit utiliser comme monnaie d'échange pour obtenir les faveurs de la mère d'Amir.
Sans tomber dans le manichéisme, Pevec insuffle à tous ses personnages une dose d'humanité qui les rapproche du spectateur. La culpabilité – si tant est qu'on puisse parler de culpabilité dans une société qui semble fascinée par un capitalisme naissant mais déjà assez invasif pour miner l'harmonie des rapports humains – transcende générations et classes sociales (du père alcoolique d'Amir au fils dépourvu de valeurs de Dora), mais en fin de comptes c'est la rédemption, le pardon et la réconciliation qui prévalent. La douleur ne divise pas ; la tristesse est la voie de la purification. »
Gabriele Barcaro
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