(Fiction, France, 1962, 90’, Noir et blanc, VO) |
Synopsis:
Cléo, une jeune chanteuse frivole craint d'être atteinte d'un cancer. Il est 17 heures et elle doit récupérer les résultats de ses examens médicaux dans 2 heures. Pour tromper sa peur, elle cherche un soutien dans son entourage. Elle va se heurter à l'incrédulité voire à l'indifférence et mesurer la vacuité de son existence. Elle va finalement trouver le réconfort auprès d'un inconnu à l'issue de son errance angoissée dans Paris.
Critique:
« En 1955 déjà, Agnès Varda signait un premier long métrage précocement emprunt d'un esprit Nouvelle Vague, La Pointe Courte. Sept ans plus tard, alors que le phénomène déferlait sur Paris, la cinéaste retrouvait ce ton libre et frémissant pour capter de précieux instants de vie.
Dans Cléo, il y a aussi ce curieux mélange de moments bruts saisis au vol et de séquences très cadrées, qui faisait déjà le sel de L'opéra-Mouffe (court métrage de 1958). Cléo, dit Piazzo, fonctionne sur un savant métissage d'humeurs, de mises en relation incongrues et de chevauchements de registres : ainsi le choix du titre, gentiment coquin, pour un film sur l'angoisse de la mort. A chaque extrait, le public est invité à regarder l'image dans les coins pour traquer les symboles d’une certaine "rigueur poétique" : le langage des robes de Cléo, le décor de contes de fées de sa chambre immense et vide, l'importance des escaliers...
Varda, qui n'aime rien tant que de faire rimer des sentiments a priori contraires, donne à voir, sur le vif, le Paris populaire de 1962 et c'est peu de dire que ça nous parle encore. D'un extrait à l'autre, de la scène solaire du parc Montsouris au petit film muet tourné pour l'occasion avec Jean-Luc Godard et Anna Karina (Les fiancés du Pont Macdonald que Cléo regarde, en compagnie d'une de ses amies), on se laisse (re)prendre par la fantaisie de Varda. Quant à la grâce un peu lasse de Corinne Marchand, pas de doute, elle opère toujours. »
Mathilde Blottière
Liens:
www.agnesvarda.com
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