Gianfranco Brebbia
RéalisateurItalie
Naissance : 2 mai 1923 (Varèse, Lombardie, Italie)
Décès : 1 juillet 1974
Âge : 51 ans
Brebbia est particulièrement actif dans les années 1960, documentant avec un regard critique et poétique la transformation urbaine de sa ville natale, dénonçant notamment le boom immobilier destructeur du patrimoine historique de Varèse. Il immortalise également la vie artistique locale, capturant des performances et des événements liés à l’avant-garde de l’époque.
Dans la seconde moitié des années 1960, il rejoint la Cooperativa di Cinema Indipendente à Rome, un collectif de cinéastes qui prône la liberté artistique totale, en marge de l'industrie cinématographique classique. Cette période marque une intensification de sa recherche formelle, entre introspection et expérimentation plastique. Il crée plus de 140 films, souvent tournés en 8 mm ou 16 mm, sans dialogue, combinant plans fixes, ralentis, surimpressions et montages poétiques.
Gianfranco Brebbia meurt prématurément à Varèse le 7 janvier 1974, à l’âge de 50 ans, laissant derrière lui une œuvre riche et singulière, aujourd’hui reconnue comme un témoignage rare de la contre-culture cinématographique italienne des années 60 et 70.
PRÉSENCES AU JURY

Biographie
Gianfranco Brebbia est né à Varèse en 1923 et a étudié à Milan à l’école Salesian Milano. De 1943 à 1945, il est interné en Suisse, où il apprend le métier de tailleur, qu'il exercera après la guerre. C'est de cette expérience suisse qu'il a tiré la sensibilité à la nature que l'on retrouve dans ses œuvres. Très tôt, il pratique la photographie. En 1962, il réalise son premier film avec une caméra Bolex Paillard Reflex H8, qui deviendra son format de prédilection. Au fil de sa carrière il a documenté la ville de Varèse et l'effervescence artistique des années 1960, mais aussi le boom de la construction qui défigure le quartier historique de Varèse. A partir de la seconde moitié des années 1960, Brebbia devient membre de la Coopera de Rome.
Parmi la floraison mondiale de groupes de cinéastes expérimentaux apparus au cours des années 1960 sous forme de coopératives indépendantes, le mouvement italien, parfois auto-nommé "underground", se distingue par son originalité et sa diversité esthétique, ainsi que par son imperméabilité à tout type de marché et de professionnalisation, ceux de l’art comme du cinéma industriel. Fondée à Naples, en 1967, par Adamo Vergine, puis rapidement transférée à Rome, dans le but de rassembler et de distribuer les films des cinéastes expérimentaux et underground italiens, la Cooperativa Cinema Indipendente (1967-1971) a réuni plusieurs personnalités, dont Tonino De Bernardi, Pia Epremian De Silvestris, Massimo Bacigalupo, Gianfranco Baruchello.
En 1967, il tourne "Amore in antitesi" au Campo dei Fiori à Varèse. Antithèse entre l'amour profane des jeunes couples et l'amour sacré des religieuses cloîtrées, ce film est réalisé au téléobjectif. Brebbia écrit à son sujet : « Toutes les scènes de ce film ont été tournées sur le vif, aucune image n'a été créée artificiellement, c'est pourquoi les prises de vue au téléobjectif à distance ont permis aux personnages de se mouvoir comme s’ils n’étaient pas filmés par une caméra de cinéma ».
La même année sort "Polemizzando in Bianco e Nero" sur le « boom de la construction » (Boom edilizio), période durant laquelle on détruisit les bâtiments du centre-ville de Varèse. En 1968, Brebbia réalise "So That’s That", au Sacro Monte, à Varèse, lieu de culte catholique et de pèlerinage, composé de quatorze chapelles situées le long d’une montée menant au sanctuaire Sainte-Marie-du-Mont. 1968 sera aussi l’année de "UFO", sur le happening « Ufo. Flying objects » organisé au Monte Olimpino en 1968 par le plasticien Bruno Munari et Daniela Palazzoli, alors directrice du magazine BIT. Cette même année, lors de la 2e édition du Rendez Vous Des Cinémas d'art et D’essai au Palazzo dei Congressi de la République de Saint-Marin, Brebbia présente "Extremity 2", qu’il décrit comme « des expériences cinématographiques - incandescence, filtrage du soleil - filmant, à travers la fenêtre d'un projecteur en fonctionnement, des solides géométriques en rotation qui reflètent des rayons colorés ».
En 1969, Brebbia réalise "Anno 2000", film en deux parties, mélange de séquences du centre historique de Varèse, qui doit bientôt céder la place à de nouvelles zones résidentielles et à des chantiers de construction, dans lequel il concentre sa caméra sur les détails fugaces des expressions faciales, retenus pendant une seconde supplémentaire avant de disparaître, mettant l'accent sur les réflexions concernant la vie des habitants en l'an 2000. La même année il compose un film à partir de gros plans sur le peintre Sandro Uboldi, alternant avec des jeux de lumière, "Deserto in Luce Solare", ainsi qu’une série de films, à l’origine projetés sur un double écran, "Idea Assurda un Filmaker", dont Dominique Willoughby nous dit, dans Gianfranco Brebbia. L’Amateur rebelle (2023) :
“Les deux écrans côte à côte font jouer les surfaces contiguës des deux cadres ou fenêtres, selon deux espaces dont les mouvements, les couleurs, les figures agissent en contrepoints sensuels de profondeurs, de glissements, de textures. Le piquant des barbelés côtoie la douceur des visages-paysages de femmes fusionnées avec les irisations de l’eau et les réseaux des branchages et des herbes. Le dispositif du double écran fait jouer le doux et le piquant, le proche et le lointain, le détail et le paysage, les couleurs chaudes et froides, les glissements de surfaces et les avancées profondes du zoom.”
Dans son film "Fumus Art", il documente les « Opere di fumo » organisés à Varèse en 1969 par l’artiste Luciano Giaccari. En 1973, il réalise deux films grattés sur pellicule et colorés à la main à l'encre de Chine, "Bet" et "Bazar".
Il disparaît subitement à Varèse, le 7 janvier 1974, à l'âge de cinquante ans, laissant derrière lui de précieuses archives cinématographiques conservées depuis décembre 2015 à l'Archive historique de la Cineteca Italiana de Milan.
Pour des ajouts / changements d'informations sur Gianfranco Brebbia, merci de contacter steven.decarvalho78@gmail.com