L’éditorial
Besoin de philosophes
Au moment où j’écris cet éditorial il n’est pas tout a fait certain que notre festival aura lieu. Les questions qui se posent actuellement dans notre cité agitée depuis quelque temps déjà sont de savoir si nous sommes en pleine guerre biologique, ou encore que se passera-t-il avec des millions de réfugiés aux portes de l’Europe et aussi y aura t-il véritablement une guerre atomique? La fausse histoire monumentale a-t-elle pris le dessus ?
Le festival L’Europe autour de l’Europe en est à sa quinzième édition. Pour en assurer les fondements nous avons toujours montré des auteurs incontournables du cinéma de toute l’Europe. En 2020 Federico Rossin nous présente sa “Véritable nouvelle vague italienne”, six films réalisés à la fois par des jeunes débutants, qui deviendront plus tard des ‘maestri’ acclamés (Bernardo Bertolucci et Marco Bellocchio), par des auteurs méconnus par la critique, (Antonio Pietrangeli et Elio Petri), et par des artisans écartés du système et de l’idéologie dominante (Mario Bava et Ermanno Olmi).
Dans son discours de réception du Prix Nobel de Littérature 2019, Peter Handke, à qui on rend hommage, a lui-même rendu hommage aux artistes dont « les œuvres d’art m’ont donné les formes essentielles, les rythmes ou, pour le dire plus modestement, les premières oscillations et coups de pouce qui ont permis à cet élan de trouver expression », citant les films de John Ford et Yasujiro Ozu, les chansons de Johnny Cash et Leonard Cohen.
Puissent les oeuvres de classiques, Alexandre Korda, Anya Breien, Ingmar Bergman, Miloš Forman, Krzystof Zanussi, Wim Wenders avoir la chaleur d’un heimat pour les cinéastes contemporains qui cherchent leur film, leur forme, leur voix encore à venir dans les trois programmes de compétition, Prix sauvage, Prix Present et Prix sauvage Corto.
Nombre de guerres, conflits, soulèvements populaires et autres manifestations de type archaïque sont en cours partout dans le monde mais la véritable nouvelle révolution c’est la révolution de l’intelligence artificielle. Voici un extrait du dialogue (en anglais, langue “maternelle” de Sota), du A.I. AT WAR, futur film de Florent Marcie, entre le robot Sota et l’auteur, parmi les ruines de la ville de Mosssoul après la bataille: Who are you Sota? – I am the latest result of the artificial intelligence which can reproduce the functions of the human brain. … Do you know what a human being is? – A human being is a member of a species Homo sapiens. … What is our future? – Let me think about that.
Les cinéastes pressentent l’avenir. Alors ils interrogent le réel.
Belles projections et rencontres,
Irena Bilic
Fondatrice et déléguée générale