Un avant-poste du progrès / Posto Avançado do Progresso
de Hugo Vieira da Silva
(Fiction, Portugal, 2016, 120', C, VOSTF)
avec Nuno Lopes, Ivo Alexandre, David Caracol
Deux blancs, vêtus de l’uniforme du colon blanc, débarquent dans la jungle congolaise pour y gérer un poste de trafic d’ivoire, pour le compte d’une compagnie de Lisbonne. Face au duo quasi burlesque, le contremaître congolais Makola tient le poste et les employés, quel qu’en soient les chefs. L’ivoire se fait rare, le négoce périclite, les tribus guerrières sont menaçantes. Makola devient le maitre du jeu. Les deux Portugais, ne comprenant rien à l’environnement naturel ni aux Congolais qu’ils côtoient, s’égarent dans la forêt et la folie mortifère.
En adaptant la nouvelle homonyme (1897) de Joseph Conrad, le cinéaste ajoute des séquences inspirées par ses recherches durant son long séjour au Congo et par ses échanges avec les Bakongos. Dans la jungle nocturne surgissent le Roi et la Reine du Congo, majestueux et magnifiquement vêtus. Les ancêtres sont les témoins de l’histoire. « Des fantômes émergent de la forêt de notre mémoire refoulée, de notre amnésie historique, qui perdure encore aujourd’hui ». La plasticité du réel, des personnages et des situations est accentuée par les traitements de lumière et de couleurs. Le réel et l’irréel se mêlent, les temporalités coexistent.
« L’Afrique est un fantôme qui hante ma génération, née après le 25 Avril et les indépendances africaines, et marquée par le refoulement mémoriel. Mais, au Portugal, il y a encore beaucoup de traces de l’héritage salazariste et colonial. » Hugo Vieira da Silva