Après l’interdiction de son deuxième film Avril, Iosseliani a travaillé pendant quelques mois dans une usine métallurgique. Dans une vision poétique et engagée, le film La Fonte donne à voir la dure réalité du monde ouvrier.
« Le ton de Iosséliani est personnel et neuf, parce qu’il met l’accent moins sur les forges de Vulcain que sur les hommes qui y travaillent. … Des hommes guettés par une « caméra-œil » attentive et pleine d’amour vrai ». Georges Sadoul, Les lettres françaises, 2 septembre 1965.
« Cet exercice de style sobre et rigoureux, fondé sur le refus du pittoresque comme de l’anecdote, révèle un auteur qui va s’affirmer comme le plus spécifiquement géorgien de ses pairs dans une cinématographie authentiquement nationale et prouver que c’est en s’enracinant au plus profond d’une identité culturelle qu’on peut le mieux parvenir à l’universel. » Marcel Martin, Le cinéma soviétique de Khrouchtev à Gorbatchev, ed. L’Âge d’Homme, p. 77.
Otar Iosseliani
Né en 1934, à Tbilissi, Géorgie, Otar Iosseliani fait de brillantes études de musique avant d’entamer des études scientifiques à Moscou, qu’il abandonne pour intégrer l’institut national de la cinématographie de Moscou. Ses premiers courts métrages Aquarelle (1958) et Avril (1961) sont interdits de diffusion en URSS. Son premier long-métrage La chute des feuilles (1966) retrace la vie quotidienne d’une communauté paysanne dans un style très impressionniste. Son art de distance contemplative dans un style proche de celui de Jacques Tati, son maître revendiqué s’affirme avec Il était une fois un merle chanteur (1971) et Pastorale (1976). Son œuvre oscille entre la fiction et le documentaire. Son attirance vers le langage purement visuel le rapproche des auteurs de la Nouvelle vague française : François Truffaut, Claude Chabrol, Jean-Luc Godard. Malgré la renommée internationale de leur créateur, ces films seront interdits à l’exportation pendant de nombreuses années. Installé en France depuis 1982, Iosseliani réalise son premier film français Les favoris de la lune en 1984 qui obtient le Grand Prix spécial du Jury à la Mostra de Venise. Il signe ensuite Et la lumière fut (1989), La chasse aux papillons (1991), Brigands, chapitre VII (1995), Lundi matin (2001) – Prix du Meilleur Réalisateur au Festival de Berlin, Jardins en automne (2005). Hors de son pays, Otar Iosseliani parvient à garder la vision humaniste nuancée d’humour et d’ironie qui a fait le succès de ses films géorgiens. Son dernier film en date est Chantrapas (2009) est une ode à la liberté. Il suit l’histoire d’un jeune réalisateur (alter ego de l’auteur) qui ne fait aucun compromis avec la censure, qu’elle soit idéologique ou économique, au nom de la liberté de la pensée créatrice. Il a également réalisé plusieurs documentaires pour la télévision : Euskadi (1982), Un petit monastère en Toscane (1988) et Seule Géorgie, un triptyque documentaire de plus de quatre heures sur son pays d’origine. www.cineressources.net