António Lopes Ribeiro (1908-1995) est un cinéaste majeur de l’Estado Novo. Dans les années 30, il s’enthousiasme pour les esthétiques modernistes des cinémas allemand et russe. Et il est un fervent et constant soutien de Salazar. Avec António Ferro, idéologue du régime, il considère le cinéma comme un outil d’éducation et de propagande. Lopes Ribeiro a réalisé la grande fiction politique de l’Estado Novo : A Revolução de Maio (1937), des fictions historiques et populaires (O Pai Tirano, 1941) et des dizaines de documentaires. Notamment celui sur L’Exposition du Monde Portugais (1941). Il a produit le Camões (1946) de Leitão de Barros et Aniki Bobo (1941) de Manuel de Oliveira. En 1938-39 il dirige l’imposante Mission Cinématographique dans les colonies d’Afrique, lancée par l’Agence de l’Outremer, qui a pour ambition la production d’une série de films, à l’occasion du voyage du Président Carmona. Il en rapportera plusieurs documentaires dont il intégrera des séquences dans son long métrage de fiction Feitiço do Império (Sortilège de l’Empire), 1940 dont le son a été perdu. Les deux documentaires sélectionnés sont très représentatifs de son œuvre coloniale : un intérêt certain, sensible notamment dans les images, associé à un propos caractéristique de l’attitude colonialiste de l’époque.
Gentes que Nós Civilizámos
Des séquences intéressantes, presqu'ethnographiques, sur des peuples du sud et du centre de l'Angola, montrent la diversité de leurs coutumes et la richesse de leurs cultures. Les images souvent de qualité ne sont pas dénuées d'un regard dominant qui les cadre comme exotiques. Le commentaire euro-centré d'exaltation de la “lusitanité” est assez paternaliste et même [...]